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POINT MACRO

Les banques centrales forcées de réagir

7 février 2022

Hausses des taux directeurs : la Banque d’Angleterre (BoE) l’a fait, la Federal Reserve le fera le mois prochain et Christine Lagarde a déclaré qu’elle ne pouvait plus exclure que la BCE relève son taux directeur cette année. L’inflation, qualifiée de provisoire l’an dernier, s’est malheureusement installée et ces effets de second tour sur les salaires se font nettement sentir aux États-Unis et en Grande-Bretagne.

Il est probable que dans 20 ans les années que nous traversons, les années Covid, figureront en bonne place dans les études de cas de sciences économiques tant les règles et enchaînements sur lesquels s’appuient les prévisions économiques ont cessé de fonctionner sous l’effet de circonstances extraordinaires.

En attendant il devient certain que les taux, directeurs et de marché, seront plus hauts en fin d’année qu’aujourd’hui et qu’en conséquence la rotation sur les marchés actions va continuer, en s’appuyant sur les publications des entreprises, au détriment des sociétés les plus chèrement valorisées mais aussi au profit de celles, moins valorisées, qui afficheront une progression de leurs résultats et un prix raisonnable, le style GARP pour faire court (Growth At a Raisonnable Price).

 

La Banque d’Angleterre a donc relevé son taux directeur de 25bp cette semaine, il s’en est d’ailleurs fallu de peu que ce soit de 50bp puisque cette proposition a reçu 4 voix contre 5. Ceci est justifié par une inflation qui s’emballe (7%) et qui commence à se répercuter sur les salaires. Après la réunion du FOMC et le compte rendu de Jerome Powell la semaine dernière annonçant la hausse de son taux directeur pour le 10 mars et la réduction plus rapide qu’attendu de ses programmes de soutien monétaire, cette semaine était aussi le rendez-vous avec la BCE.

L’inflation de janvier en Eurozone est sortie à 5,1% après 5,0% en décembre alors que le consensus des économistes attendait 4,4%. Les prix de l’énergie, +28,6% sur un an en janvier après +25,9% en décembre, ont contribué largement à cette hausse. Hors énergie, il y a bien eu recul de l’inflation à 2,6% vs 2,8% en décembre et l’inflation sous jacente est à 2,3% vs 2,6%. Compte tenu de ce qui précède, le poids de l’énergie dans l’indice des prix est passé de 9,5% à 10,9%.

Il est désormais très probable en conséquence que l’inflation en Eurozone reste en fin d’année bien au-dessus de son objectif de 2%.

C’est ce qui justifie le tournant faucon pris par la BCE jeudi.

Bien qu’à ce rendez-vous la BCE ait laissé sa politique monétaire inchangée, le ton de Mme Lagarde lors de sa conférence de presse a clairement montré l’inquiétude suscitée par le risque inflationniste et elle a déclaré que les décisions de la BCE seraient « data dependent » et qu’elle ne pouvait plus exclure une hausse des taux cette année. Les conditions financières vont donc être durcies, le « quantitative easing » pourrait prendre fin au T3 pour une éventuelle hausse des taux en décembre, et les conditions des TLTRO devraient être durcies.

S’étant replié de 53,3 en décembre à 52,3, l’indice PMI composite IHS Markit signale un ralentissement de la croissance en janvier. Il reflète une modération du taux d’expansion de l’activité du secteur des services, la production manufacturière ayant quant à elle augmenté à un rythme plus soutenu qu’en décembre. Les fabricants ont ainsi affiché des performances supérieures à celles des prestataires de services pour un 2ème mois consécutif.

Le classement des pays par indice PMI est le suivant : Irlande 56,5, Allemagne 53,8, France 52,7, Italie 50,1 et Espagne 47,9.

Conformément à la tendance observée depuis avril dernier, c’est l’Irlande qui a enregistré la plus forte hausse d’activité, stable par rapport au niveau élevé de décembre. Parallèlement en Allemagne l’activité a rebondi, renouant avec la croissance après la très légère contraction du mois précédent. L’activité a en revanche augmenté à un rythme moins soutenu qu’en décembre en France, globalement stagné en Italie et affiché son 1er repli depuis février dernier en Espagne.

La hausse du volume des nouvelles affaires reçues en Eurozone s’est poursuivie en janvier. La demande s’est renforcée dans le secteur manufacturier comme dans celui des services, la plus grande amélioration ayant été observée chez les fabricants.

Malgré la modération de la hausse de la demande, la croissance de l’emploi s’est accélérée en janvier et a continué d’afficher un rythme élevé. Le redressement du taux de création de postes a reflété un renforcement de la hausse des effectifs chez les fabricants.

Parallèlement, le volume des affaires en cours a de nouveau augmenté, le manque de personnel, les pénuries de produits et l’accroissement de la charge de travail ont créé des contraintes de capacité.

Les perspectives d’activité à 12 mois sont restées favorables. La confiance des entreprises s’est en outre renforcée pour atteindre son plus haut niveau depuis octobre dernier.

Le PIB de l’Eurozone, +0,3% au T4, est sorti conforme aux prévisions et porte la croissance 2021 à 5,2%. Par pays au T4 : Espagne +2,0%, Portugal +1,6%, France +0,6%, Italie +0,5%, Belgique +0,4%, Allemagne -0,6% et Autriche -2,2%.

Le chômage en Eurozone continue son repli : à 7% en décembre il est au plus bas depuis plus de 20 ans alors que des entreprises de plus en plus nombreuses se plaignent de pénuries de main d’œuvre (entre 25 et 30% des entreprises).

Le dernier rapport de la BCE, ECB Lending Survey, pour le T4 2021 montre que les banques contribuent positivement à la reprise de la région, répondant aux demandes de crédit des entreprises (+4%) et aux emprunts hypothécaires des ménages (+5,4%).

 

Aux États-Unis aussi les publications économiques surprennent et sont parfois fort éloignées des attentes des économistes.

Il en a été ainsi vendredi du rapport sur l’emploi de janvier du Bureau of Labor Statistics. Créations d’emplois en janvier 467K (consensus 150K), révisions pour décembre à 510K vs 199K et pour novembre à 647K vs 249K. Hausse du salaire horaire moyen de +0,7% (consensus +0,5%) et +6,9% sur un an. Taux de participation +0,3% à 62,2%, seulement 1,2% sous son niveau de février 2020.

Déjà le 1er février le rapport JOLTS (Job Openings and Labor Turnover Statistics) avait montré l’accentuation des tensions sur le marché du travail. Avec 10,93 M d’offres en décembre, les offres des entreprises sont proches de leur record de l’été dernier et les 4,3M de démissions, 0,9M de plus que la moyenne pré-pandémie, montrent qu’il est facile de trouver un emploi mieux payé ; Le ratio chômeur sur offres d’emplois, à 0,58 est au plus bas des 40 années de cette série statistique.

L’activité semble avoir ralenti en janvier, sans doute du fait du variant Omicron, tout en restant en territoire de croissance, avec un ISM (Institute for Supply Management) manufacturier à 57,6 vs 58,2, et des services à 59,9 vs 62,3.

 

A la suite des réunions des banques centrales, de leurs décisions, des chiffres d’inflation et de ceux de l’emploi américain, Deutsche Bank a une nouvelle fois relevé ses objectifs sur les tau longs.

Pour le Bund, qui était à -0,05% le 10/01, qui est aujourd’hui à +0,203%, DB attend +0,30% à fin juin.

Pour le 10 ans US qui était à 1,74% le 10/01, qui est aujourd’hui à 1,916%, DB attend +2,40% à fin juin.

Il n’est pas difficile de prédire que les autres vont suivre, ce qui nous renforce dans la stratégie mise en place.

Selon EPFR Global la complexité actuelle des marchés ne freine pas l’afflux des souscriptions vers les fonds et ETF actions, 21 MM$ du 27 janvier au 2 février, dont 7,8MM$ sur l’Europe, France en tête (1,7MM$), suivie des Pays-Bas (836M$). La Suède (520M$) et la Suisse (940M$) sont proches de leurs records de collecte.

Meilleure semaine pour nos fonds qui rattrapent une partie de leur retard.

Nous continuons à appliquer la stratégie que nous vous avons présentés, avec la vente des lignes les plus valorisées et le report sur des entreprises de style GARP.

C’est dans ce cadre que se situent cette semaine la cession de Sartorius Stedim sur Erasmus Mid Cap Euro et FCP Mon PEA, qui cède sur le même raisonnement Esker et achète Christian Dior pour renforcer LVMH.

Le consensus des prévisions bénéficiaires FactSet sur le Stoxx600 européen attend une progression des BPA de +102,1% pour 2021 et +2,4% pour 2022, il est toujours révisé à la hausse, +1,9% sur un mois pour 2021 et +1% pour 2022. Aux États-Unis pour le S&P500, la croissance annuelle 2021 des BPA est attendue à 54,6% et à 6,6% pour 2022. Là aussi des révisions à la hausse mais plus modestes, sur un mois +1,0% sur 2021 et +0,4% pour 2022.

 

Bonne semaine à tous,

Jean-François GILLES

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