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POINT MACRO

Ukraine, croissance et inflation

28 février 2022

La guerre en Ukraine se projette, outre les souffrances qui frappent les peuples ukrainien et russe, sur l’ensemble du monde et plus particulièrement de l’Europe par sa proximité avec le conflit.

Si le poids économique de la Russie et de l’Ukraine dans les échanges avec l’Eurozone est limité, moins de 4% des volumes du commerce extérieur, si les sanctions économiques implémentées jusqu’à présent devraient avoir qu’un impact faible sur l’activité en Europe de l’Ouest, il n’en est pas de même de l’inflation. Là, la dépendance européenne vis à vis des importations de matières premières provenant de Russie peut entraîner un glissement supplémentaire de l’inflation vers le haut.

Ceci à un moment où les banques centrales se doivent de restreindre leur soutien car les économies sont en plein boom car elles ont pour mission d’éviter un dérapage des prix. Les enquêtes économiques sont formelles cette semaine encore : la croissance est forte et le chômage est au plus bas. Au moins un élément positif. 

Si dans un premier temps on avait pu avoir l’impression que les pays de l’OTAN, en annonçant des sanctions limitées contre la Russie, avaient fait passer l’économie avant la géopolitique, la situation est moins claire ce dimanche 27 février après l’exclusion de la plupart des banques de Russie du système interbancaire SWIFT et la résistance forte de l’armée ukrainienne à l’invasion de son pays. L’isolement de la Russie a commencé même si cela affectera la croissance globale et davantage encore la croissance européenne. Quel sera l’ampleur de son impact sur l’économie va dépendre de la durée et de l’étendue du conflit dont la persistance ne pourra qu’accroître les sanctions à l’égard de la Russie.

Et par cela l’inflation européenne sera sévèrement touchée par au moins la forte hausse du prix du pétrole et du gaz, au pire par leur rationnement et ceci dans des délais courts.

Ceci posera un sérieux challenge aux banquiers centraux au moment où ceux-ci s’engageaient dans des politiques plus restrictives. Le rôle de la Fed est double : maîtriser l’inflation mais, aussi favoriser la croissance. Même la BCE n’a que le premier objectif, elle ne peut ignorer le second. La tâche des banquiers centraux va devenir beaucoup plus difficile entre des injonctions contradictoires, la crise ukrainienne les oblige à revoir les dispositifs envisagés. La présidente Christine Lagarde s’est exprimée vendredi en réaffirmant la volonté marquée de l’institution de faire preuve de flexibilité dans la conduite de sa politique monétaire, elle a également tenu à certifier que la BCE fera tout pour garantir un niveau de liquidité suffisant pour éviter toute instabilité financière, ce qu’elle ne constate pas à ce stade.

A ce moment, la situation est trop confuse pour qu’il soit possible d’en tirer davantage de conclusions et de faire des prévisions solides. Nous y pourvoirons au fur et à mesure d’un retour à une meilleure visibilité.

L’Eurozone, heureusement, va aborder cette période très difficile à partir d’une situation meilleure qu’attendu, d’un état de marche de son économie qu’elle n’avait pas connu depuis longtemps.

L’assouplissement des mesures sanitaires s’est traduit par un fort rebond de la croissance de l’Eurozone en février, avec une amélioration des perspectives d’activité ainsi qu’une accélération des hausses des nouvelles affaires et de l’emploi. Si c’est dans le secteur des services que le regain d’expansion a été le plus marqué, la croissance de la production s’est également renforcée dans l’industrie manufacturière, soutenue par un raffermissement de la demande et une atténuation des tensions d’approvisionnement.

Selon son estimation flash, l’indice PMI composite IHS Markit de l’Eurozone a gagné 3,5pts en février, affichant sa plus forte hausse mensuelle depuis mars 2021. L’indice s’est en effet redressé de 53,3 en janvier à 55,8 en février, signalant une forte accélération de la croissance économique, sa plus forte expansion depuis septembre.

C’est dans le secteur des services que le regain de croissance a été le plus marqué. Après la quasi stagnation de l’activité due au resserrement des mesures sanitaires en janvier, l’expansion a rebondi en février et a affiché son rythme le plus soutenu depuis novembre 2021. La levée d’une partie des restrictions s’est notamment traduite par une hausse particulièrement marquée de l’activité du secteur des voyages et du tourisme, et de celle des prestataires de services en contact direct avec la clientèle.

La croissance de la production manufacturière a elle aussi légèrement accéléré au cours du mois et a atteint son plus haut niveau depuis septembre. Cette tendance s’est appuyée sur une amélioration des chaînes d’approvisionnement, le taux d’allongement des délais de livraison ayant affiché son plus faible niveau depuis janvier 2021.

L’atténuation des tensions d’approvisionnement ainsi que l’ouverture des économies ont également favorisé un rebond de la demande en février. Le volume des nouvelles affaires a enregistré sa plus forte croissance depuis août dernier, la hausse des ventes dans l’industrie manufacturière et celle de nouveaux contrats dans les services ayant toutes deux affiché des sommets de 6 mois.

Ce raffermissement de la demande s’est accompagné d’une forte accumulation des affaires en attente, la plus importante depuis 6 mois. Cette hausse du travail en cours a été particulièrement marquée dans le secteur manufacturier, les nouvelles commandes reçues par les fabricants ayant augmentées à un rythme plus soutenu que celui de leur production. Toutefois, dans le secteur des services également, le volume du travail en attente a augmenté plus rapidement qu’en janvier.

Le raffermissement de la demande, l’assouplissement des restrictions sanitaires et la baisse des pénuries d’intrants ont favorisé un regain d’optimisme dans l’Eurozone. Les perspectives de croissance ont ainsi atteint leur plus haut niveau depuis juin.

L’amélioration des perspectives d’activité à 12 mois s’est accompagnée d’une hausse des effectifs, l’augmentation de la charge de travail ayant incité les entreprises à accroître leurs capacités opérationnelles. Malgré des difficultés de recrutement, la croissance de l’emploi s’est accélérée et a affiché son plus haut niveau depuis novembre. Dans le secteur manufacturier les créations de postes ont atteint leur plus haut niveau depuis juillet et dans celui des services depuis 3 mois.

C’est en France que le regain de croissance a été le plus marqué (57,4 en février vs 52,7 en janvier) l’activité ayant enregistré sa plus forte augmentation depuis juin. En Allemagne également, l’expansion s’est accélérée et a atteint son plus haut niveau depuis août. Dans le reste de la région la croissance, bien que moins soutenue qu’en Allemagne et en France, a aussi fortement rebondi.

La tendance a été la même au Royaume-Uni, PMI à 60,2 vs 54,2 en janvier.

L’Economic Sentiment Indicator (ESI) de la Commission Européenne a aussi surpris par sa hausse à 114 vs 112,7 en janvier, tiré

par les perspectives d’emplois, à 116,2, son plus haut niveau depuis mai 2000. Pour rappel, à 7,2% le chômage français est au plus bas depuis 2008 et en métropole entre 6,5 et 7% sous la moyenne européenne.

Les indicateurs nationaux sont cohérents avec l’enquête PMI Markit.

Ainsi l’indicateur avancé allemand IFO passe de 96,0 en janvier à 98,8 en février et en France pour ce mois ci le climat des affaires mesuré par l’INSEE rebondit nettement et gagne 5pts à 112, nettement au-dessus de sa moyenne de longue période (100), et le climat de l’emploi s’améliore de nouveau et gagne 2 pts pour atteindre 113, soit un niveau inédit depuis avril 2008.

L’IHS Markit Flash US composite PMI rebondit aussi fortement après la vague Omicron à 56,0 en février vs 51,1 en janvier grâce à un fort rebond des services à 56,7 vs 51,2 en janvier.

Aux États-Unis, la consommation reste forte et progresse de 2,1%m/m en janvier, effaçant ainsi le recul de 0,8% de décembre, avec un rebond des achats de biens de consommation durables et d’automobiles.

Selon EPFR Global, toujours pas de panique chez les investisseurs mais au contraire, du 17 au 23 février, un fort rebond des achats de fonds et d’ETF actions (15,5MM$), avec l’Asie en tête (+2,7MM$) tirée par la Chine (1,7MM$) et Taïwan (771M$). Les flux vers les actions européennes ont été négatifs (-402M$) mais pas sur le Royaume-Uni et la Suisse. Intérêts modestes vers les États-Unis. La Technologie revient en grâce, la Value y reste alors que la croissance est toujours vendue.

Nos fonds ont souffert mais se reprennent très bien vendredi. Quelques arbitrages : Léa pour Erasmus Mid Cap Euro a cédé Bank of Ireland et ASMI et acheté le belge Barco, spécialiste d’équipements et de solutions de visualisation pour les professionnels, Aymeric a lui pour Small Cap cédé ASR Nederland, PVA Tepla, SAF Holland et WIIT et acheté l’allemand Energie Kontor exploitant de parcs éoliens et développeur de projets éoliens et solaires enfin pour FCP Mon PEA nous avons cédé Legrand et Virbac.

Les attentes de BPA sur le Stoxx600 ont été révisées à la hausse de 0,7% sur la semaine dernière pour 2022, l’énergie contribuant à plus de 50% de ce mouvement, simultanément pour 2023 relèvements de 0,6%. Le momentum des révisions pour 2022 (changement sur un mois) est passé à 2,4% contre 0,3% à la fin de l’an dernier alors que celui sur les BPA 2023 a monté à 2,9%. Les BPA 2022 ont progressé depuis début janvier de 7,0% à 8,2% tirés par l’énergie et les produits de base alors que les attentes pour 2023 sont à +7,2%.

Avec le Stoxx600 en recul de 2% sur la dernière semaine, les bénéfices attendus reflètent un multiple à 12 mois de X14,3, le ; plus bas depuis avril 2020 et 23% sous le pic post pandémie de X18,3 atteint en juillet 2020.

Bonne semaine à tous,

Jean-François GILLES

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