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Les commentaires de nos équipes
POINT MACRO

Etats-Unis - Europe, similitudes et divergences

4 avril 2022

La grande similitude entre les deux continents, c’est le marché du travail. C’est chose bien établie pour les États-Unis où la reprise de l’emploi est en V et amène le taux de chômage (3,6%) presqu’à son niveau record d’avant la pandémie (3,5%). De notre côté de l’Atlantique la reprise de l’emploi est également spectaculaire avec dans de nombreux secteurs des pénuries de personnel qualifié, un chômage à 3,1% en Allemagne et 3,9% en Grande-Bretagne. Les taux de participation de la population en âge de travailler sont identiques : Allemagne 79,3%, Grande-Bretagne 77,9%, États-Unis 73,9% et France 73,3%. Mais sur 10 ans, ce taux de participation a progressé de 0,5% aux États-Unis contre 2,3% en Allemagne et 2,5% en Grande-Bretagne et en France.

La grande divergence, c’est l’impact de l’invasion de l’Ukraine par la Russie sur la croissance : impact moyen aux États-Unis, fort sur l’Europe et très fort pour l’Eurozone.

Ceci a pour conséquence que la Fed est plus à même de lutter contre l’inflation par la hausse des taux que ne l’est la BCE. 

Aux États-Unis, la bonne publication des chiffres de l’emploi de mars témoigne de la poursuite de la normalisation du marché du travail, ce qui confortera la Fed dans l’accélération de son resserrement monétaire au cours des prochains mois. De ce point de vue, les chiffres de vendredi sont rassurants avec des créations d’emplois qui restent dynamiques (+431K vs +490K attendu et +750K en février) et surprennent même positivement si on intègre la révision haussière de +95 K sur les 2 derniers mois. Le taux de participation poursuit également sa remontée tandis que le taux de chômage recule à 3,6%.

Du côté des salaires, leur progression reste sur un rythme élevé (+0,4% en mars) ce qui aidera à préserver le pouvoir d’achat des ménages face aux pressions inflationnistes amenées à être renforcées avec le conflit en Ukraine.

La solidité de la croissance tiendra qu’autant que la capacité de consommation des ménages face à la remontée des prix, ce qui est étroitement lié à la hausse de leurs revenus grâce à l’emploi et aux salaires.

Ce rapport sur l’emploi conforte l’enquête JOLTS (Job Openings and Labor Turnover Statistics) de février, avec de très fortes recherches de collaborateurs, à 11,27 millions, 61% au-dessus du niveau pré-pandémie, alors que le nombre de démissions est 26% plus haut qu’en février 2020. Le rapport offres/demandes, à 1,8, est à son niveau record déjà atteint en décembre.

Ceci peut expliquer qu’en dépit de la guerre en Ukraine, l’indice de confiance des consommateurs du Conference Board ait monté de 1,5pt en mars à 107,2. C’est la situation actuelle qui, fait progresser l’indice alors que les perspectives ralentissent et que les craintes d’inflation augmentent.

Bon pour le moral des ménages aussi, la hausse du prix des logements à +19,2% en janvier alors que 69% des ménages américains sont propriétaires de leur résidence principale. Par contre la hausse des taux tempère l’accessibilité des primo-accédants car le crédit hypothécaire 30 ans vient d’atteindre 4,96%.

Le S&P US Manufacturing PMI est sorti à 58,8 en mars contre 57,3 en février, avec hausse de la production et des commandes, tant domestiques qu’à l’export. Il faut noter également la réduction des goulots d’étranglement logistiques.

En Eurozone, la publication du taux d’inflation a surpris les attentes déjà élevées : +7,5% vs +6,6% attendu et +53,9% en février en lien avec la crise ukrainienne et sur fond de nouvelle explosion des prix de l’énergie (+44,7% en glissement annuel). Par pays : Espagne +9,8%, Allemagne +7,3%, Italie +6,7% et France +4,5%.

Les gouvernements européens renforcent les mesures pour en limiter l’impact, la France installe un bouclier tarifaire, l’Espagne a obtenu l’accord de Bruxelles pour limiter les prix de l’électricité et l’Allemagne vient de mettre en place des remises sur les prix à la pompe.

Cependant, les pressions sur les prix sont bien plus fortes qu’anticipé et la BCE ne pourra pas attendre bien longtemps avant de suivre à distance la Fed dans la hausse des taux directeurs. Avec l’impact inflationniste de la guerre en Ukraine, la hausse de l’inflation pourrait perdurer et contraindre davantage encore la banque centrale.

Aussi c’est sans surprise que l’enquête ESI (Economic Sentiment Indicator) de la Commission Européenne a reculé en mars à 108,5 vs 113,9 en février, au plus bas depuis 12 mois mais cependant encore à un niveau historiquement élevé.

Cette enquête est cohérente avec l’indice PMI S&P final pour l’industrie manufacturière de l’Eurozone qui s’établit à 56,5 en mars vs 58,2 en février, plus bas de 14 mois ; Allemagne 56,3, Italie 55,8, France 54,7 et Espagne 54,2. Cette tendance reflète l’impact des tensions géopolitiques sur le niveau de la demande et sur la confiance des entreprises, celle-ci ayant affiché son plus faible niveau depuis mai 2020.

La croissance de l’emploi s’est poursuivie fin du T1. Si le taux de création de postes s’est maintenu au-dessus de sa moyenne, il est cependant à son plus faible niveau depuis février 2021. Malgré la hausse des effectifs, les fabricants ont signalé de nouvelles contraintes de capacité et les arriérés de production ont augmenté pour un 20ème mois consécutif, tendance souvent attribuée aux pénuries de produits.

A ce sujet, le confinement le 27 mars de la région de Shanghai, principal hub commercial et financier de la Chine, n’est pas une bonne nouvelle. Il s’ajoute à celui de Shenzhen à mi-mars et questionne sur la politique 0 Covid du gouvernement. Si ces confinements se prolongeaient ou s’étendaient géographiquement, l’objectif d’une croissance autour de 5,5% sera difficile à atteindre sans plan de relance plus substantiel.

Absolute Strategy Research mène une enquête trimestrielle auprès des grandes sociétés de gestion  et leur demande la probabilité qu’elles attribuent à des événements qui peuvent survenir. Au cours du dernier trimestre, les événements dont la probabilité a le plus augmenté sont une récession globale (+24%), un chômage en hausse aux États-Unis (+19%), une inflation plus élevée en Europe (+9%), les taux directeurs de la Fed plus élevés et l’inflation japonaise plus haute (+6%). Tout aussi intéressants, ceux dont la probabilité a le plus diminué : des bénéfices plus élevés (-17%), les actions faisant mieux que les obligations, les cycliques faisant mieux que les défensives et une hausse des actions (-9%).

Instructif !

Durant la dernière semaine cependant, les consensus de BPA sur les entreprises du Stoxx600 pour 2022 et 2023 ont vu des révisions à la hausse, 0,7% pour 2022 et 0,5% pour 2023, l’énergie représentant 70%de la révision dans les deux cas.

Si la révision à la hausse de 3% sur un mois des BPA 2022 amène leur niveau proche de son record, le ratio de révision sur un mois (ERR) recule fortement de 44% à la mi-2021 à -14%, le plus faible depuis mi-2020.

L’équipe quantitative de Goldman Sachs nous rappelle qu’en moyenne ces tendances négatives sur les BPA européens durent 22 mois durant lesquels les marchés européens gagnent 9% mais sous performent l’indice mondial de 2%. Dans ces périodes, Technologie, Santé, Qualité surperforment alors que Momentum négatif, Mauvaise qualité et Financières sous performent.

Les BPA 2022 sont attendus en hausse de 9,8% et pour 2023 de 6,3% grâce à l’énergie et aux produits de base et le multiple du marché à 12 mois est à 13,9%.

Semaine de faible hausse pour nos fonds.

Dans FCP Mon PEA, cession de Michelin, pour Erasmus Mid Cap Euro Léa vend FNAC-Darty et Kion et Aymeric pour Erasmus Small Cap Euro cède l’allemand Basler.

 Bonne semaine à tous,

Jean-François GILLES

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