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POINT MACRO

Powell enfonce le clou

29 août 2022

Le chairman de la Fed Jerome Powell a tenu un discours de rigueur monétaire au symposium de Jackson Hole.

Il a souligné la détermination de la Federal Reserve à restaurer la stabilité des prix en usant de tous les outils à sa disposition et insisté sur le fait que le comité doit continuer à relever les taux directeurs et à maintenir un biais restrictif jusqu’à l’atteinte de cet objectif. Une action rapide et forte doit permettre d’ancrer à des niveaux acceptables les attentes d’inflation.

C’est un luxe que les États-Unis peuvent se permettre compte tenu de la vigueur de leur économie et de sa moindre sensibilité aux conséquences de l’invasion de l’Ukraine, mais pour l’Europe le challenge va être plus compliqué.

Après un fort rebond de 6 semaines, les marchés ont encaissé le choc de cette intervention et reconstruisent leurs attentes en prenant en compte cette nouvelle donne monétaire.

États-Unis

  1. A Jackson Hole (26/8), Fedchair Powell a été très clair sur les décisions monétaires à venir de la banque centrale. La bonne situation de l’économie américaine permet une politique agressive sur le plan monétaire. Sans préciser la hausse qui sera décidée lors du meeting de septembre (50 à 100 bps) qui sera « data dependent », le taux directeur actuel (2,25-2,50%) peut être considéré comme neutre et les hausses d’ici la fin de l’année pourraient être de 125bps en cumulé.
  2. L’inflation PCE a envoyé un message encourageant (26/8) en déclinant de 0,1% à 6,3% en juillet ; ex-food & energy elle est de 4,6%. Compte tenu de la chute des prix des carburants les chiffres d’août devraient être aussi bien orientés, mais ce repli pourrait être temporaire.
  3. Les revenus personnels ont augmenté de 0,2% m/m en juillet après 0,7% en juin, mais les salaires de 0,8% en juillet, ce qui résulte d’augmentation de salaires mais aussi d’augmentation du temps de travail (26/8).
  4. Le début de ralentissement est cependant bien perceptible au travers des PMI (23/8). Le composite à 45,0 (47,3 en juillet) est au plus bas de 27 mois, le PMI services également (44,1 vs 47,3) mais le PMI manufacturier résiste (51,23 vs 52,2), plus bas de 25 mois néanmoins.
  5. Révision (25/8) du PIB du T2, -0,6 vs -0,9% auparavant, provoquée par une consommation plus vive et une augmentation des stocks plus importante.
  6. Le sentiment des consommateurs mesuré par l’Université du Michigan (26/8) s’est vigoureusement redressé en août, +6,7pts à 58,2, la situation actuelle à 58,6 progresse très modestement vs juillet mais le redressement des perspectives est spectaculaire à 58,0, une amélioration de 10,7pts vs juillet. L’inflation attendue à un an, qui était de 5,2% en juillet, passe à 4,8% au plus bas depuis décembre dernier et les attentes à 5 ans restent à 2,9% : la Fed doit être contente, sa crédibilité est intacte.
  7. Logiquement compte tenu de la hausse des taux, ce sont les données afférentes au logement qui ralentissent le plus vite : ventes de logements neufs -12,6% en juillet, au plus bas depuis janvier 2016 (23/8) et logements anciens -1% en juillet mais après -8,9% en juin et -22,5% sur un an(24/8). Sur un an aussi les prix des logements neufs sont en hausse de 18,3% et ceux des logements anciens de 21%. Compte tenu des hausses des prix et des taux hypothécaires, l’accessibilité est à son niveau le plus bas depuis 1985, ce qui entraîne une chute des demandes de permis de construire et des mises en chantier. Le sentiment des professionnels (NAHB) est tombé en août à 49 et depuis janvier les demandes de crédits hypothécaires ont chuté de plus de 30%.

Eurozone

  1. L’activité de l’Eurozone a reculé pour le 2ème mois consécutif en août, tirée à la baisse par une quasi-stagnation du secteur des services : PMI composite 49,2 vs 49,9, PMI services 50,2 vs 51,2 et PMI manufacturier 49,7 vs 49,8, plus bas de 26 mois (23/8). Malgré cela l’emploi a progressé pour le 19ème mois consécutif.
  2. Le PMI français, à 49,8, passe sous les 50 pour la 1ère fois depuis le début 2021, le PMI allemand recule moins mais est faible à 47,6 vs 48,1 en juillet, il est au plus bas depuis 26 mois.
  3. Cependant le PIB du T2 de l’Allemagne a été modestement révisé à la hausse (+0,1% vs 0) et l’indicateur avancé IFO pour août (25/8) a été moins mauvais qu’attendu à 88,5 vs 88,6 en juillet. La situation actuelle se maintient (97,5 vs 97,7) mais les perspectives restent très sombres (80,3 vs 80,4).
  4. En France, en août le climat des affaires mesuré par l’INSEE (25/8) est stable. A 103 l’indicateur qui le synthétise reste au-dessus de sa moyenne de longue période de 100. Cette stabilité du climat des affaires résulte d’évolutions contrastées : la situation conjoncturelle s’améliore dans le commerce de détail et, dans une moindre mesure, dans le bâtiment, mais elle se détériore dans l’industrie.
  5. Le climat de l’emploi en France se replie à nouveau en août après une embellie en juillet, mais, à 107 l’indicateur reste bien au-dessus de sa moyenne de longue période de 100. Ce repli résulte principalement du recul des soldes d’opinion relatifs à l’évolution récente et à venir des effectifs dans les services, malgré la bonne tenue du solde sur l’évolution prévue des effectifs dans le commerce de détail et l’industrie manufacturière.
  6. Selon l’INSEE encore (26/8) en août la confiance des ménages en France s’améliore légèrement après 7 mois consécutifs de baisse ; L’amélioration provient des jugements sur le niveau de vie présent et au cours des 12 prochains mois et des craintes concernant l’évolution du chômage qui diminuent légèrement. Si la part des ménages qui considèrent que les prix ont augmenté au cours des 12 derniers mois est stable et à son plus haut niveau depuis l’été 2008, la part des ménages estimant que les prix vont accélérer au cours des 12 prochains mois diminue à nouveau et de façon nette.
  7. L’inflation en juillet en Eurozone a été confirmée à +8,9% avec Espagne +10,7%, Italie +8,4%, Allemagne +8,5% et France +6,8% (18/8).
  8. Selon la BCE, l’activité de crédit reste supportive en juillet (26/8) avec les prêts au secteur privé en hausse de 6,3% sur un an, un plus haut de 24 ans après celui de juin (+6,2%). Les prêts aux entreprises passent de +6,9% en juin à +7,7% en juillet et ceux aux ménages restent fermes à +4,5% en juillet après +4,6% en juin.

Marchés et Fonds

  1. Les résultats des entreprises du Stoxx600 continuent d’être révisés à la hausse, sur août et sur la dernière semaine (IBES 25/8) de +0,3% pour 2022 et +0,4% pour 2023 avec l’énergie qui continue à être le principal moteur de ces révisions, mais les révisions des 4 dernières semaines sur les autres secteurs sont également à la hausse (+0,9% pour 2022 et +0,6ù pour 2023) notamment grâce aux banques.
  2. Aussi les BPA 2022 sont attendus à un plus haut de +17,7% et à +2,8% pour 2023. Le multiple à 12 mois des BPA est de 11,9X, un plus bas d’un mois après le récent mouvement de recul.
  3. Si les révisions de BPA des entreprises européennes sont à la hausse, celles mesurées par FactSet pour le S&P 500 américain sont revues à la baisse : sur un mois -2,3% pour 2022 et -2,6% pour 2023 et sur 3 mois -4,6% pour 2022 et -6,0% pour 2023. Mais le marché américain est mieux valorisé que le marché européen : 21,4X les BPA 2022 et 19,4X les BPA 2023.
  4. Au cours de l’été et du mois d’août, nos fonds ont bien participé à la hausse qui a précédé la récente correction.
  5. Les principaux mouvements à signaler concernent FCP Mon PEA avec les cessions de Saint Gobain et Stellantis et les entrées en portefeuille de Nexans et Spie qui sont déjà détenues par Erasmus Mid Cap Euro.

Bonne reprise et bonne semaine à tous !

Jean-François GILLES

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