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POINT MACRO

Il ne faut pas rêver

7 novembre 2022

Si les rumeurs d’une évolution de la politique 0 Covid en Chine sont confirmées, ce sera une bonne nouvelle susceptible de faire accélérer progressivement la croissance flageolante de la 2ème économie mondiale.

Mais il ne faut pas rêver.

Les propos tenus par Jerome Powell ont confirmé que les espoirs des investisseurs, qui tablaient déjà sur un pivotement de la Fed, étaient trop optimistes. Il a en effet tenté de convaincre que le combat contre l’inflation était loin d’être gagné et qu’il nécessitera une politique monétaire durablement restrictive.

Il faut d’autant moins compter sur le soutien des banques centrales qu’à la hausse des taux directeurs va s’ajouter la restriction de la liquidité, réduction de la taille du bilan d’une part, fin des TLTRO traditionnels d’autre part.

Les révisions à la baisse des prévisions de résultats 2023 qui accélèrent en Europe ne seront sans doute pas compensées par l’action des banques centrales avant le S2 2023. De combien de trimestres les marchés peuvent-ils anticiper ? 

États-Unis

  1. Le marché du travail est encore trop fort pour la Fed avec 261K créations de postes en octobre après 315K en septembre et 292K en août (4/11).
  2. La hausse des salaires ralentit à 4,7% sur un an en octobre après 5% en septembre ; pour la Fed elle reste cependant élevée.
  3. Le rapport JOLTS (Job Openings and Labor Turnover Statistics 1/11) a déçu et annule ce qui avait été un soulagement dans le rapport d’août. A nouveau les offres d’emplois non pourvues ont fortement augmenté. Après être passées de 11M à 10M, elles remontent à 10,7M et le rapport offres sur demandes qui était passé de 2 à 1,7 remonte à 1,9.
  4. Sans surprise le FOMC a relevé les taux directeurs de la Fed de 75bp le 2 novembre pour la 4ème fois, portant leur objectif de 3,75 à 4%. Si son communiqué a précisé que ce rythme pourrait désormais ralentir pour permettre d’observer l’effet décalé de ces hausses sur l’activité, il a en même temps indiqué qu’elles vont se poursuivre et dès décembre.
  5. Les marchés de futures attendent désormais 50bp en décembre mais aussi entre 50 et 75 bp au S1 2023, soit davantage qu’avant le meeting de la
  6. En conséquence la courbe des taux 2ans 10 ans s’est davantage inversée, signe de récession. Après avoir atteint un écart de 60bp jeudi, l’inversion est en fin de semaine de 50bp.
  7. L’activité ralentit mais sans reculer. L’ISM manufacturier d’octobre (1/11) baisse de 50,9 à 50,2 mais avec une hausse des nouvelles commandes, de l’emploi et une amélioration des chaînes logistiques. L’ISM des services (3/11) recule aussi, de 2,3pts, mais à 54,4 il reste largement en territoire positif bien qu’au plus bas depuis mai 2020, cependant là aussi les nouvelles commandes sont en progression.

Eurozone

  1. L’inflation en octobre (31/10) monte de 10,7% sur un an après 9,9% en septembre au-dessus des attentes à 10,2%. L’inflation sous jacente monte aussi, à 5,0% vs 4,8%, 0,1% au-dessus du consensus. Toutes les indications font penser que l’inflation restera au-dessus de 10% au cours du T4 et qu’il est peu probable que l’inflation sous jacente passe sous 4% au cours du T1 2023.
  2. L’énergie, qui représentait 60% de l’inflation en mars 2022, ne pèse plus que pour 40%. L’inflation se diffuse donc, notamment dans l’agro-alimentaire, 25% de l’inflation.
  3. Bonne surprise sur la croissance de l’Eurozone à +0,2% au T3 et +2,1% sur un an avec de bonnes surprises pour l’Allemagne et l’Italie et de mauvaises pour l’Autriche et la Belgique (31/10).
  4. Le PMI S&P Global Composite pour octobre (4/11) à 47,3 vs 48,1 en septembre, s’il est sorti meilleur qu’attendu (47,1) est au plus bas de 23 mois. La baisse de l’activité s’est accélérée dans le secteur manufacturier comme dans celui des services. Selon les répondants, la baisse de l’activité a reflété une conjoncture mondiale défavorable et un affaiblissement de la demande, la forte inflation ayant incité de nombreux clients à réduire leurs dépenses.
  5. Classement des pays par niveau d’indice PMI : Irlande 52,1, France 50,2, Espagne 48,0, Italie 45,8 et Allemagne 45,1.
  6. Avec ce qui précède ça ne durera sans doute pas mais le taux de chômage a reculé en septembre à 6,6%, un plus bas depuis la création de l’Eurozone. Pour rappel, au pic de la récession causée par le Covid, le taux de chômage avait atteint 8,7% au T2 2020.

Asie

  1. Les deux indicateurs PMI chinois sont passés sous le niveau de 50. Le NBS manufacturier (31/10) à 49,2 en octobre vs 50,1 en septembre et celui des services à 48,7 vs 50,6. Le Caixin PMI des services (3/11) est tombé de 49,3 en septembre à 48,4. Cependant les répondants sont davantage confiants pour la période à venir.
  2. Les exportations coréennes ralentissent plus fortement qu’attendu (2/11) à -7,1% sur un an. Les exportations vers la Chine chutent de 15,7%, celles vers le Japon de 13,2% en octobre alors que leur progression vers les États-Unis est à 6,6% et vers l’Europe à 10,3%.

Marchés et Fonds

  1. Les consensus des prévisions de bénéfices des entreprises par les analystes financiers FactSet et IBES sont maintenant révisés en baisse pour 2022 et 2023.
  2. Les consensus FactSet pour le S&P 500 américain en 2022 et 2023 voient les prévisions de BPA revues à la baisse que ce soit sur un mois (-1,9% 2022 et -3,1% 2023), trois mois (-3,0% et -4,6%) ou depuis le début de l’année (-2,1% et -5,4%). Les attentes sont à +0,8% pour 2022 et +4,8% pour 2023 et les multiples de BPA à 17,1X 2022 et 16,3X 2023.
  3. Le consensus IBES sur le Stoxx600 européen, qui est celui que nous vous donnons habituellement, a été revu cette semaine de -0,8% pour 2022 et -0,9% pour 2023, 16 secteurs sur 20 sont révisés à la baisse. Les attentes sont désormais à +18,0% pour 2022 et +2,1% pour 2023 avec un multiple à 12 mois de 11,4X.
  4. L’ERR (Earnings Revision Ratio) est désormais inférieur à 1 avec plus de révisions à la baisse qu’à la hausse.
  5. Semaine, et particulièrement fin de semaine, meilleure pour les large caps que pour les mids et les smalls, mais il est toujours aussi difficile dans ces mouvements brutaux de capter les performances des indices.
  6. Un seul mouvement à signaler, la cession de Rémy Cointreau par FCP Mon PEA à la suite de la prudence de sa dernière communication qui incitait les analystes à revoir à la baisse leurs estimations. 

Bonne semaine à tous,

Jean-François GILLES

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