Les commentaires de nos équipes
Point Macro
Make Germany Great Again
L’Allemagne a tenu dimanche des élections fédérales anticipées, un scrutin très attendu par les Allemands et l’Europe. Pourquoi ?
- Une nouvelle coalition réduirait l’incertitude, alors que l’Allemagne et la France, ses deux principales économies, ont connu une instabilité politique en 2024
- 2024 a été une année difficile pour l’Allemagne avec une industrie automobile en difficulté, marquée par des fermetures d’usines. Son modèle économique est en panne et a besoin de réformes.
- Contrairement à d’autres pays européens, l’Allemagne a les moyens d’investir et de se transformer, avec un endettement deux fois inférieur à celui de la France (rapporté au PIB).
La victoire de la CDU/CSU (conservateurs) avec 28 % des voix est donc perçue comme une bonne nouvelle pour l’économie allemande et européenne. Dorénavant, le parti doit maintenant former une coalition, probablement avec le SPD (16 %).
Pour renforcer son attractivité, l’Allemagne envisage une réforme fiscale et une remise en question du « frein à l’endettement », qui l’oblige à maintenir un budget proche de l’équilibre. Ces deux réformes seraient les premières bases d‘une relance budgétaire pour l’économie allemande.
Europe – Les taux, reflet de l’incertitude économique
Une relance allemande profiterait à l’Europe, qui reste fragilisée par une conjoncture morose et la menace d’une guerre commerciale avec les États-Unis. Si les indices PMI stagnent, la dynamique est meilleure hors Allemagne et France.
Cette semaine, Isabel Schnabel, membre du directoire de la Banque Centrale Européenne, a prévenu que la baisse des taux pourrait être ralentie, voire stoppée, en raison du rebond du crédit, de la reprise de la consommation et de la baisse du taux d’épargne.
Cette déclaration a inquiété les marchés, qui espèrent un assouplissement monétaire pour soutenir l’économie. L’avis de Madame Schnabel divise puisque le président de la Banque de France a réaffirmé son souhait d’un taux à 2 % d’ici l’été.
Performance de Société Générale, Deutsche Bank et BNP Paribas depuis 3 mois
Le secteur bancaire européen continue de surpasser les autres marchés du continent, porté par une poussée croissante vers la déréglementation, dans le but de rivaliser avec les géants bancaires américains.
La question de la réglementation (et surtout de la déréglementation) reste un sujet d’actualité en Europe.
L’Ukraine toujours au coeur des tensions
La situation en Ukraine reste tendue, avec un nouveau duo inattendu : la Russie et les États-Unis, qui négocient seuls l’avenir du pays et de ses ressources naturelles. Une rencontre a eu lieu en Arabie saoudite entre les deux anciens rivaux, tandis que le rôle des Européens et Ukrainiens dans ces discussions reste flou.
Face à cette mise à l’écart, l’Europe a tenté de réagir. La présidente de la Commission européenne a insisté sur la nécessité de renforcer les capacités militaires du vieux continent, évoquant une possible exclusion des dépenses de défense dans le calcul des déficits publics.
Dans la foulée, les dirigeants européens se sont réunis en urgence à Paris pour définir une réponse commune face aux ingérences russes et américaines. Mais cette réunion a surtout révélé les divisions persistantes entre États membres, incapables de s’accorder.
Pendant ce temps, Donald Trump a intensifié sa pression sur Zelensky, le qualifiant de « dictateur sans élections », ajoutant une nouvelle tension au dossier ukrainien.
Trump : toujours plus de guerre commerciale
Les États-Unis durcissent leur politique commerciale, avec la confirmation d’une taxe de 25 % sur les importations automobiles dès avril et la menace de nouveaux droits de douane sur les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs.
Pourtant, ces annonces n’ont pas ébranlé les marchés : le S&P 500 reste solide malgré un contexte économique et politique incertain. Une étude de Bank of America révèle cependant que 89 % des investisseurs jugent les actions américaines surévaluées.

De son côté, la Réserve fédérale américaine (FED) reste prudente quant à une éventuelle baisse des taux. Elle craint que les taxes imposées par Trump et la politique migratoire n’entraînent une hausse des prix pour les consommateurs, alimentant ainsi l’inflation.
L’incertitude reste le maître-mot de 2025.
Paul Devaux
