logo erasmus

Veuillez sélectionner votre profil afin de commencer à naviguer sur le site :

Je suis un professionnel Je suis un particulier

Les commentaires de nos équipes
Point Macro

Trump secoue les marchés : entre opportunité et prudence 

9 avril 2025

Depuis les récentes annonces de Donald Trump, les marchés financiers mondiaux ont subi des fluctuations significatives (-15 % sur trois jours), soulevant des interrogations quant à une potentielle crise économique et financière. Comment réagir ?

Premièrement, rappelons les faits :

En février et mars, les marchés corrigent légèrement après un excès d’optimisme en janvier. Les annonces de D. Trump visant à taxer le monde (notamment le Canada, le Mexique, la Chine et l’Europe) créent de la volatilité, mais sans entraîner de baisse marquée.

2 avril 2025 – « Liberation Day » : D. Trump annonce des tarifs plus sévères qu’attendu, surprenant même les investisseurs pessimistes.

3 avril : ouverture en baisse marquée.

4 avril : seconde ouverture en baisse, alimentée par l’annonce du Canada et de la Chine de riposter.

7 avril : troisième journée de baisse, sans réelle nouvelle annonce, si ce n’est :

Le S&P a enregistré sa pire chute sur 3 jours depuis 1987.

8 avril :

9 avril :

Pour la suite, nous attendons la riposte de l’Union européenne et restons attentifs au risque d’escalade qui devrait continuer, notamment avec la Chine. L’impact sur l’économie réelle est encore inconnu, les tarifs pouvant toujours être ajustés (à la hausse comme à la baisse). Il faudra attendre la publication des résultats du premier trimestre pour obtenir les premiers commentaires des entreprises, et sans doute le deuxième trimestre pour mesurer l’impact dans les comptes.

 

Enfin, les élections de mi-mandat aux États-Unis en 2026 représenteront une pression à moyen terme pour D. Trump et les républicains, qui devront rassurer et convaincre leur électorat – souvent de classe populaire – du bien-fondé de leurs mesures pour le niveau de vie et le pouvoir d’achat.

Notre première interrogation, partagée avec nos clients, est la stratégie à adopter dans cet environnement particulier, volatile et porteur de risque négatif. Certains d’entre vous y voient une opportunité de renforcement, d’autres, plus prudents, préfèrent réduire leur exposition. Face à ces questionnements, rappelons que les baisses comme les hausses des marchés financiers sont souvent rapides et intenses. Chercher à tirer parti de la volatilité à court terme reste donc une stratégie périlleuse.

Souvenez-vous :

En 2022, le CAC 40 perdait -19 % en deux mois sur fond de guerre en Ukraine et de choc énergétique.

En février 2020, le choc du Covid entraînait une baisse de -40 % du CAC 40 NR en un mois.

En 2018, l’indice chute de -10 % en octobre puis encore -10 % en novembre et décembre, sur fond de tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine et de hausse des taux de la Fed.

En 2016, une baisse de -22 % s’étale sur trois mois, alimentée par les craintes de récession chinoise.Le 23 juin 2016, le vote du Brexit déclenche une baisse de -10 % en deux jours, suivie d’un vif rebond.

Durant l’été 2011, l’indice français perd -25 %, emporté par la crise des dettes souveraines européennes.

Enfin, pendant la grande crise de 2007/2009, la baisse entre les plus hauts et les plus bas atteint -56 %, étalée sur plus d’un an, entre juillet 2007 et début mars 2009, avec des phases alternant baisses de -10 à -20 % et stagnations.

Drawdown sur le CAC 40 sur les 20 dernières années.

Entre la crise du Brexit, où il aurait fallu renforcer dès le surlendemain du vote, et celle de 2007, où il fallait au contraire faire preuve de patience, on comprend qu’il n’y a pas de règle absolue.  La seule vérité reste la conviction dans le long terme : l’indice CAC 40 NR a dépassé à chaque fois les niveaux atteints lors des crises, et génère de la valeur, quel que soit le point d’entrée.

Pour l’investisseur opportuniste souhaitant saisir l’opportunité sans se compliquer, il est pertinent de continuer à investir ponctuellement, profitant ainsi de la baisse, qu’elle soit temporaire ou plus durable.

Que peut-on dire de cette crise boursière ?

On peut surtout dire ce qu’elle n’est pas : ce n’est pas une crise structurelle liée à un déséquilibre économique fondamental, ni une crise conjoncturelle de fin de cycle. C’est une crise liée à un événement (« event driven »), exogène à l’économie réelle, comme l’a été le Covid.

Elle s’apparente davantage à la fin des accords de Bretton Woods, reposant sur un dollar convertible en or à un taux fixe, ou aux accords du Plaza de 1985, entraînant une forte dévaluation du dollar. Historiquement, les crises « event driven » semblent être les plus rapides et les moins violentes.

Si les crises économiques et la volatilité des marchés offrent des perspectives alléchantes aux investisseurs audacieux et éclairés, elles recèlent des dangers pour les plus téméraires. Nous maintenons une posture équilibrée, guettant les opportunités face à une éventuelle exubérance du marché sur certaines entreprises. L’environnement demeure incertain, tant en ce qui concerne les nouvelles règles du jeu que leurs répercussions sur l’économie réelle.

Les réflexes habituels en période de crise s’avèrent moins pertinents aujourd’hui, car nous ne sommes pas confrontés à une crise de la demande, mais bien à une crise de l’offre, dont les impacts varient selon les régions de production, à titre d’exemple, le secteur de la santé, traditionnellement considéré comme défensif, connaît actuellement une forte baisse.

Paul Devaux

Autres points macros
Inscription Newsletter