Les commentaires de nos équipes
Point Macro
Le Taco Voit Rouge
Une drôle de musique est parvenue aux oreilles de Donald Trump. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela ne lui a pas plu. L’idée est très simple, Trump aboie mais il ne mord pas. A l’opposé total de l’image qu’il souhaite renvoyer. Alors, malgré vents judiciaires et marées de la Fed, il a tenté de montrer les crocs ces derniers jours.
Rattrapage important sur les Small Caps
Avant d’aborder le cœur du sujet, l’année 2025 s’annonce prometteuse pour les small caps en France et en Europe, avec une surperformance notable par rapport aux Large Caps. Cette dynamique s’explique principalement par la poursuite de la croissance des bénéfices et par un rerating significatif de ce segment de la cote, qui se trouvait à des niveaux historiquement bas depuis plusieurs trimestres.
Pour illustrer ce phénomène, il suffit de comparer la performance du CAC 40 GR (dividendes réinvestis) à celle du CAC Small, qui affiche un écart de plus de 11 points en faveur de ce dernier.

Un mois de mai dynamique
Le fameux adage Sell in May & Go Away a pris du plomb dans l’aile cette année. Le marché américain a, par exemple, bouclé son meilleur mois de mai depuis 1990, avec une hausse de 6,2%.
Résultat : le S&P 500 et le Nasdaq sont à moins de 4 % de leurs plus hauts. Malgré le plat copieux des droits de douane concocté par Donald Trump en avril, la digestion a été quasi instantanée.

Comment expliquer cela ? Difficile. Aucun accord d’envergure n’a été trouvé, le camouflet du deal Royaume-Uni / États-Unis mis à part.
Alors, comment expliquer cela ? Robert Armstrong, un journaliste du Financial Times, a trouvé l’acronyme parfait pour expliquer la situation : TACO, pour Trump Always Chicken Out. Traduisez, Trump se dégonfle toujours.
Il est vrai que le schéma est souvent le même : 1) Trump menace et provoque des baisses des marchés financiers 2) Face aux réactions négatives, il reporte ou annule ces mesures, entraînant un rebond.
Le schéma s’est de nouveau répété il y a 10 jours : 1) le vendredi Trump menace d’imposer des droits de douane de 50% sur les importations d’Europe dès le 1er juin, les marchés perdent plus de 1% dans la foulée 2) le dimanche Trump accorde un sursis de plusieurs semaines, les marchés reprennent tout ce qu’ils avaient perdu.
Lors d’une conférence de presse mercredi dernier, visiblement agacé par une question « méchante » sur cet acronyme, Trump a rétorqué « On appelle cela de la négociation ».
Mais méfions-nous de l’animal blessé. R. Armstrong lui-même s’est dit inquiet que le président modifie sa stratégie en réaction à cette moquerie.
Passage en force de ses droits de douane : La décision du tribunal de commerce international des États-Unis, qui annulait une série de droits de douane, a fait long feu. Elle a immédiatement été suspendue en appel, mais surtout, l’administration Trump a d’ores et déjà prévenu qu’elle pourrait contourner cette décision si elle était confirmée via d’autres biais, en invoquant une situation d’urgence nationale.
Accusation vers la Chine : Trump a accusé la Chine de violer l’accord commercial et de ne pas respecter l’accord signé en mai sur les livraisons de minéraux critiques. S’il n’a pas donné plus de précisions, la question des Terres Rares reste centrale. Pékin a rejeté ces accusations.
Augmentation des tarifs sur l’acier et l’aluminium de 25% à 50% à partir de mercredi : cette décision touchera principalement le Mexique et le Canada, les principaux fournisseurs des Etats-Unis. Mais l’Europe a annoncé qu’elle devrait répondre avec des contremesures dès le 14 juillet.
La Fed reste (pour l’instant) prudente
En parallèle, il continue de mettre la pression sur la Fed pour qu’elle réenclenche sa dynamique de baisse des taux voire qu’elle reprenne son Quantitative Easing. Mais, pour l’instant, là encore, ses démarches échouent, et Powell affirme haut et fort l’indépendance de la Fed.
Les dernières déclarations des autres membres semblent confirmer l’hypothèse que la baisse des taux directeurs n’est pas pour tout de suite, en raison des incertitudes de l’impact du relèvement des droits de douane sur la croissance et sur l’inflation.

Même si nous n’anticipons pas de baisse des taux à la prochaine réunion, nous continuons de penser que la Fed n’aura pas d’autre solution que d’infléchir sa position dans les prochains mois. Pour deux raisons :
- La croissance américaine devrait ralentir, nous sommes en fin de cycle et l’apparition des droits de douane, même s’ils ne dépassent pas 10%, ne sera pas indolore. Les chiffres de l’emploi attendus vendredi vont « bénéficier » des expulsions de migrants à venir. Mais le ralentissement est là.
- L’effet inflationniste des droits de douane, s’il sera réel, sera en partie porté par les distributeurs et étalé dans le temps. Par ailleurs, la baisse des coûts de l’énergie, conséquence de la nouvelle hausse de la production de pétrole décidée par l’OPEP+ ce week-end, sera désinflationniste.
Dans ce contexte, après ce fort rebond des marchés boursiers, nous prenons une partie de nos bénéfices issus de notre renforcement tactique opéré à la fin du mois d’avril. Notre allocation revient donc en milieu de fourchette. La dynamique de marché reste très bonne mais les niveaux actuels de valorisation laissent peu de place à l’erreur tandis que certaines incertitudes demeurent.
Le comportement de la bête blessée et moquée qui dirige les Etats-Unis risque de rester difficile à anticiper dans les prochaines semaines.
Merci Nvidia
Après avoir abordé le contexte macroéconomique, concentrons-nous sur la publication la plus scrutée de chaque période de résultats depuis plusieurs trimestres : NVIDIA.
Après un début d’année marqué par quelques secousses — entre l’émergence de Deepseek et les restrictions d’exportation vers la Chine — NVIDIA montre qu’elle sait non seulement résister, mais surtout rebondir et innover.

Mais qu’est-ce que Blackwell ?
- La toute dernière architecture de GPU de NVIDIA, spécialement conçue pour l’intelligence artificielle.
- Un véritable tournant : 70 % des ventes Data Center sont désormais réalisées grâce à Blackwell, contre seulement 30 % le trimestre précédent.
- Plus de 1 000 racks installés chaque semaine chez les hyperscalers.
- Une architecture déjà synonyme de meilleurs rendements, en attendant le lancement d’une nouvelle carte graphique ultra-performante prévu pour le deuxième trimestre.
Malgré des vents contraires — notamment le blocage du marché chinois imposé par Washington — NVIDIA continue de surprendre, innover et croître, notamment grâce à son PDG, Jensen Huang qui continue à délivrer.
Alors que beaucoup doutaient de sa capacité à maintenir son rythme, l’entreprise prouve que la technologie de rupture reste sa meilleure arme par rapport à son principal concurrent, AMD.
Qualité & Valorisation : une équation gagnante
NVIDIA coche toutes les cases d’une entreprise d’exception :
- Un ROCE supérieur à 100 %, reflet d’une rentabilité opérationnelle explosive portée par l’hypercroissance.
- Un bilan ultra-solide, offrant une grande flexibilité stratégique pour investir, innover ou racheter.
- Et surtout, une valorisation encore inférieure à sa moyenne historique — une rareté pour une entreprise aussi bien positionnée sur les mégatendances technos.

De notre côté, nous continuons à détenir du NVIDIA dans notre fonds Capital Plus ainsi que dans certains de nos mandats.
C’est tout pour aujourd’hui !
Aymeric Lang & Hugo Pineau