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POINT MACRO

De l’inflation à la récession ?

27 juin 2022

Nous sommes passés, en quelques mois, d’un monde en plein rebond de croissance, dynamisé par des Banques Centrales accommodantes et des plans d’investissement massifs, à un monde perclus par des risques géopolitiques et énergétiques, une inflation galopante et des Banques Centrales qui augmentent les taux et réduisent leur bilan. Cette transition ne peut pas se faire sans heurt : les signes de ralentissement de la croissance s’accumulent.

La lutte contre l’inflation reste la priorité des Banques Centrales. Le discours de Monsieur Powell cette semaine a confirmé que cette lutte allait continuer, malgré les risques accrus sur la croissance américaine. Pour la première fois, il a reconnu que la récession était « certainement une possibilité ». En Europe, la normalisation de la politique monétaire va se poursuivre également. Madame Lagarde a réaffirmé cette semaine la volonté de la BCE de relever ses taux d’intérêt à deux reprises pendant l’été.

Si les banquiers centraux se montrent aussi vocaux, c’est que les hausses des prix ne ralentissent pas. L’inflation au Royaume-Uni a une nouvelle fois accéléré en mai pour atteindre 9,1%, un plus haut depuis 1982. En France, dans des proportions plus faibles, la Banque de France signale que « la hausse de l’inflation s’est poursuivie au cours de ces derniers mois, passant de 5,1% en rythme annuel en mars à 5,4% en avril, puis 5,8% en mai. ». Pour 2023, l’inflation devrait rester élevée mais l’institution vise un retour autour de 2% en 2024.  Cela sous-entendrait qu’aucune boucle prix-salaire ne se mette en place en France et en Europe, ce qui signifierait que les salariés absorbent seuls le poids de l’inflation. Cela semble être un scénario optimiste.

L’équilibre est fragile. L’inflation entraîne une baisse des salaires réels, donc une perte de pouvoir d’achat et une baisse à venir de la consommation des ménages. Or cette consommation des ménages pèse, selon les pays, entre 50 et 60% de la richesse créée. Le coussin de surplus d’épargne né pendant la pandémie ne suffira pas et nous risquons de voir une baisse de la consommation dans les prochains mois. D’ailleurs, les publications économiques de la semaine ont envoyé un message quasi unanime : la croissance marque le pas.

En France, la Banque de France réduit ses perspectives de croissance pour 2022 de 2,7% à 2,3%. En mars, elle attendait 3,4% de croissance pour l’année. Ce ralentissement est d’autant plus significatif que l’acquis de croissance était de 1,9% à fin mars. Pour l’expliquer, l’institution met, sans surprise, en avant la guerre en Ukraine et le rétablissement de mesures de confinement dans certaines régions de Chine.

Les indices PMI, d’excellents indicateurs avancés, publiés cette semaine ont déçu. L’indice flash composite en zone euro est en baisse à 51,9 après 54,8 en mai, au plus bas depuis février 2021. Le consensus attendait 54. Et ce ralentissement se fait à la fois dans l’industrie et les services. L’écroulement de la France est notable : l’indice PMI composite en France ressort à 52,8 contre 57 en mai, tandis que le consensus attendait 55.9. Surtout la partie prospective de l’enquête renforce l’inquiétude : les nouvelles commandes ont stagné et les attentes d’activité pour l’année à venir baissent et reviennent sur leur niveau d’octobre 2020, avant les vaccins.

Le tableau économique européen est en plus noirci par des craintes sur la situation énergétique. L’Allemagne a activé jeudi le niveau 2 de son plan d’urgence sur l’approvisionnement du gaz. Le niveau 3, le plus élevé, impliquerait une prise de contrôle et la mise en place de rationnement. D’ores et déjà, la principale fédération industrielle du pays a indiqué, sans grande surprise, que l’Allemagne serait assurée d’entrer en récession si l’approvisionnement en gaz russe était interrompu.

Aux Etats-Unis, les PMIs étaient également en dessous des attentes : l’indice composite américain recule à 51,2 vs. 53 attendu et 53,6 en mai. En revanche, quelques bonnes nouvelles sont venues des statistiques de vendredi. Si l’indice de sentiment du Michigan tombe sur des plus bas, les attentes d’inflation sur 5 ans sont passées de 3,3% à 3,1%. C’est un indicateur très suivi par la Fed, ce qui a envoyé un signal rassurant au marché. Enfin, les ventes de nouvelles maisons aux Etats-Unis sont sorties au-dessus des attentes.

Dans un marché qui était en zone technique de survente, ces quelques bonnes nouvelles ont suffi à expliquer la belle hausse de vendredi. Les marchés européens n’ont pas réussi à suivre la forte hausse des indices américains (entre +6 et +7% sur la semaine), mais le CAC 40 (+3,3% sur la semaine) tire son épingle du jeu, porté par les valeurs du luxe.

Nos fonds ont, peu ou prou, suivi les performances de l’indice. Sur le fonds Erasmus Mid Cap Euro, Léa achète le spécialiste des cosmétiques allemand Beiersdorf, détenteur, entre autres, de la marque Nivea ainsi que l’acteur pharmaceutique belge UCB Pharma. En face, elle cède Wienerberger en raison d’inquiétudes sur le secteur de la construction à la suite du Profit Warning de Kingspan. Deux nouvelles valeurs avec une belle visibilité pour Erasmus Small Cap Euro : ID Logistics, déjà détenu par le fonds Erasmus Mid Cap Euro et X Fab, groupe belge fabricant de semi-conducteurs qui dispose d’un carnet de commande rempli pour les prochaines années.

 

Aymeric Lang

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