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Les commentaires de nos équipes
POINT MACRO

Investir en temps d'incertitudes

17 mars 2022

Les cygnes noirs volent en volée. De février 2020 à février 2022, du coronavirus à l’invasion russe. La volatilité, en encéphalogramme plat entre l’été 2012 et février 2020, a repris des couleurs.

Et dans cet environnement, le jeu de la prédiction économique ou boursière, déjà difficile en temps normal, prend de sérieux airs de bandit manchot. La quantité de paramètres économiques, financiers, géopolitiques et psychologiques à prendre en compte est infinie et rend illusoire de penser pouvoir prédire où se situera le marché à la fin du mois, ou à la fin de l’année.

Plus abordable, mais loin d’être simple, l’exercice de savoir ce que le marché anticipe nous semble plus intéressant.

Mais d’abord, quelques éléments macroéconomiques qu’il faut garder à l’esprit.

Si l’on compare par rapport à la clôture du mercredi 23 février, la baisse drastique a été suivie d’un rebond marqué et les indices européens ont globalement reculé de 2% à 4% à la clôture du 16 mars.

Les anticipations de la croissance économique 2022 pour la zone Euro sont passées de +4.1% à +3.1% (source Oxford Economics).

Une révision spectaculaire en quelques jours.

Mais est-ce que ces révisions à la baisse vont se poursuivre ? Une nouvelle fois, très difficile à dire. Il peut être utile de s’appuyer sur une règle décrite par les analystes d’Exane

Donc, très grossièrement, on peut estimer que l’énergie, si les prix actuels se maintiennent, aura un impact d’un peu moins 0.4 pts de pourcentage sur la croissance du PIB.

A cela s’ajoute l’impact des sanctions. Une nouvelle fois difficile à estimer, d’autant plus que la situation évolue jour après jour. Mais ce qui ressort de l’analyse de plusieurs économistes est un impact d’environ 1 pt de pourcentage sur la croissance du PIB.

Soit au total, une révision à la baisse des attentes de croissance entre 1 et 1.5 pts en 2022.

Nous pensons donc qu’il est tout à fait envisageable que les révisions à la baisse des attentes de croissance pour 2022 et 2023 se poursuivent dans les prochaines semaines.

Mais tout ceci se fait selon l’hypothèse d’un prix du baril qui oscillerait dans un corridor compris entre 95 et 105 USD par baril. Toute sortie de ce corridor, dans un sens ou dans l’autre, modifierait ces éléments.

Quid de l’inflation ?

La surchauffe liée à la forte reprise post Corona et aux différentes tensions sur les chaînes d’approvisionnement avait entraîné une hausse marquée de l’inflation. Alors qu’on pouvait légitimement espérer un léger tassement dans les prochains mois, il faut dorénavant l’oublier.

La composante énergétique de l’inflation va flamber, mais pas uniquement. L’envolée du prix du blé, ou de certains métaux ou matières premières, aura également un impact fort sur les prix de denrées alimentaires et autres biens de constructions.

La révision des attentes d’inflation de la BCE de 3.2% à 5.1% pour l’inflation en zone euro en 2022 ce 10 mars va dans ce sens.

D’où le risque grandissant du fameux scénario de Stagflation, avec un ralentissement de la croissance combiné à une inflation grandissante.

Même si on réduit de 2 points les prévisions de croissance de la zone euro d’avant la crise ukrainienne, on atterrit à 2.1% de croissance, ce qui reste toujours supérieur à la croissance potentielle long terme de la zone euro (autour de 1.7%). Mais toute dérive est à surveiller de près.

Que vont faire les Banques Centrales ?

La dichotomie est forte de part et d’autre de l’Atlantique.

Quel impact sur les Bénéfices par Actions (BPA) ?

Historiquement, les variations du PIB expliquent la moitié des variations des BPA. Pour 2022, les éléments complémentaires à prendre en compte sont:

Il nous paraît donc raisonnable d’estimer que la révision à la baisse du PIB d’environ 1.5 pts entraînera une baisse des attentes des BPA d’au moins 5%.

Où en sont les valorisations ?

Les analystes n’ayant pas encore eu l’occasion de réviser à la baisse leurs attentes de résultats, le niveau de multiple affiché par les bases de données n’est pas pertinent.

Mais avec un calcul de coin de table, avec la baisse de 2-4% des marchés depuis le début de cette crise, si on fait l’hypothèse de révision à la baisse des BPA de plus de 5%, le re-rating des multiples a été assez faible, de l’ordre de quelques pourcents.

A noter que dans un contexte de probable remontée des taux, les niveaux de multiples avaient déjà fortement baissé depuis le dernier trimestre 2021. Si l’on prend l’exemple du Stoxx 600, le multiple P/E 12m, était passé de 17x en moyenne 2021 à 14x. Avec le léger re-rating lié à une révision probable des BPA plus forte que la baisse de ces derniers jours, nous estimons que nous sommes à 14.2x les bénéfices, soit en ligne avec la moyenne des 20 dernières années (14.2x).

Si l’on résume cette analyse macroéconomique, avec sa baisse de 2 à 4%, le marché semble avoir pricé une révision à la baisse de 1 pt de la croissance économique estimée avant crise. Les niveaux de valorisation n’ont quasiment pas bougé, mais sont en ligne à leur moyenne long terme.

Bien entendu, cette analyse se veut dynamique. Chaque mouvement violent sur les prix de l’énergie, le niveau de consommation ou de nouvelles sanctions peut changer nos conclusions.

Comment nous positionnons nous ?

Difficile d’avoir une vision claire tant que la poussière n’est pas retombée. Mais la volatilité mentionnée plus tôt est Mère d’inefficience. Et c’est fréquemment dans ces moments où le niveau de visibilité est le plus faible que les plus belles opportunités se présentent.

Au niveau sectoriel, le ralentissement économique marqué qui devrait découler de cette crise nous pousse à réduire l’exposition au cycle de nos portefeuilles. Nous avons donc réduit notre exposition au secteur des biens industriels, mais également aux financières.

Par ailleurs, comme indiqué plus haut, la part des dépenses contraintes des ménages (se déplacer, se nourrir, se loger… ) risque d’augmenter. Mécaniquement cela laissera moins de place aux dépenses discrétionnaires. Il y a un coussin d’amortissement qui provient de l’épargne accumulée au cours des deux dernières années, mais nous pensons quand même que le manque de visibilité va pousser les ménages à décaler certaines décisions d’investissement ou de consommation non contrainte.

En conséquence, nous avons également réduit notre pondération sur le secteur de consommation discrétionnaire.

Nous conservons toutefois nos convictions sur nos thèmes d’investissement :

Nos poches de trésorerie ont été augmentées, afin de pouvoir saisir toute opportunité d’entrée sur des sociétés de qualité avec un potentiel de croissance long terme attractif et une valorisation redevenue intéressante après les corrections récentes.

Il va être primordial, dans les prochains mois, de sélectionner des entreprises qui auront la capacité à poursuivre leur création de valeur, malgré un environnement qui s’annonce incertain. Des sociétés capables de maintenir leur croissance, tout en maintenant ou améliorant les marges, grâce à leur pricing power, leur effet de levier ou leur expertise opérationnelle.

Nous avons, par exemple, récemment investi dans la société Barco, dans les fonds Erasmus Mid Cap Euro et Erasmus Small Cap Euro. Cette belle société de croissance historique avait été fortement chahutée depuis la crise du Coronavirus. Le groupe possède plusieurs activités, de la santé à l’équipement technologique de bureaux. Mais son activité de vente des vidéoprojecteurs pour cinéma avait été fortement touchée par la baisse des CAPEX des salles à la suite des multiples fermetures. La reprise est là et nous pensons que la croissance des ventes va s’accompagner d’une amélioration des marges, grâce à une meilleure absorption des coûts fixes.

Nous continuons, chez Erasmus, de pouvoir nous appuyer sur une équipe renforcée d’analystes et gérants Small & Mid Caps, avec six personnes dédiées, traqueurs d’inefficience et en quête perpétuelle de nouvelles idées remplissant tous les critères que nous avons décrits.

Aymeric LANG

Gérant

Ecriture achevée le 16 mars 2022

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